LA SOUPE
C' est dans un coin perdu, au fond d'une chaumière
Sous l'ombre d'un ailleurs qui semblait irréel
Que mes pas me menèrent auprès d'une grand-mère
Qui me dit assieds-toi près du chat isabelle
Sa main toute ridée tournait une cuillère
Sortant d'une marmite en bout de crémaillère
Et comme je disais que cela sentait bon
Elle conta comment vînt cette exhalaison
Cela commence un jour ou le printemps fleuri
La terre se réveille et veut donner son fruit
Il faut alors semer de l'amour et du temps
Pour que mère nature y trouve son comptant
Et puis très patiemment on veille ce trésor
On le mouille, le couvre en parlant doucement
Et lui, monte vers nous, soudain reconnaissant
La terre de poussière, alors, devient de l'or
Des lunes passeront, des matins, des rosées
Avant que notre main, caresse ces bébés
Qui dans notre panier cajolent nos rétines
Enthousiasment nos âmes et flattent nos narines
Alors l'un après l'autre on leur fait la toilette
Pelant navets timides et tomates coquettes
Les poireaux rigolos, les pimpantes carottes
Les haricots farceurs et piquantes échalotes
Dans un bain bien bouillant ils vont se délasser
Pour ne pas qu'ils s'ennuient du lard bien déluré
Viendra leur raconter des histoires salées
Et eux, lui conteront celles du potager
Et moi pendant des heures il me faut les veiller
Leur faut-il du piment, ou doit-on les poivrer ?
Il faut les attendrir et bien leur expliquer
Que quand ils seront prêts on saura les aimer
Voilà tout le récit pour qu'une soupe prenne
Savoir prendre son temps, ne pas la délaisser
Penser avec amour à ceux qui la comprenne
A ceux qui autrefois nous l'ont bien enseignée »
Le poeme , à l'origine comportait ces deux derniers couplets. Mais il a semblé judicieux de garder le côté positif pour la chanson et d' ignorer cette fin plûtot pessimiste (mon péché mignon).
Je quittais la mamie et son coin de jardin
La cité asphyxiée sentait fort le chagrin
Empestant la cohue des gens bien trop pressés
De retrouver confort, solitude et regrets
Et en fermant les yeux la tristesse me vint
Qu'espère un monde froid mené par ses désirs?
Qui oublie les mamies et tous leurs bons sourires
Qui pour nous font la soupe et ne demandent rien
Phillipe BRUN/Michel DOUILLY
Chant Philippe BRUN