phillipe brun

LA SOUPE


C' est dans un coin perdu, au fond d'une chaumière

Sous l'ombre d'un ailleurs qui semblait irréel

Que mes pas me menèrent auprès d'une grand-mère

Qui me dit assieds-toi près du chat isabelle


Sa main toute ridée tournait une cuillère

Sortant d'une marmite en bout de crémaillère

Et comme je disais que cela sentait bon

Elle conta comment vînt cette exhalaison


Cela commence un jour ou le printemps fleuri

La terre se réveille et veut donner son fruit

Il faut alors semer de l'amour et du temps

Pour que mère nature y trouve son comptant


Et puis très patiemment on veille ce trésor

On le mouille, le couvre en parlant doucement

Et lui, monte vers nous, soudain reconnaissant

La terre de poussière, alors, devient de l'or


Des lunes passeront, des matins, des rosées

Avant que notre main, caresse ces bébés

Qui dans notre panier cajolent nos rétines

Enthousiasment nos âmes et flattent nos narines


Alors l'un après l'autre on leur fait la toilette

Pelant navets timides et tomates coquettes

Les poireaux rigolos, les pimpantes carottes

Les haricots farceurs et piquantes échalotes


Dans un bain bien bouillant ils vont se délasser

Pour ne pas qu'ils s'ennuient du lard bien déluré

Viendra leur raconter des histoires salées

Et eux, lui conteront celles du potager


Et moi pendant des heures il me faut les veiller

Leur faut-il du piment, ou doit-on les poivrer  ?

Il faut les attendrir et bien leur expliquer

Que quand ils seront prêts on saura les aimer


Voilà tout le récit pour qu'une soupe prenne

Savoir prendre son temps, ne pas la délaisser

Penser avec amour à ceux qui la comprenne

A ceux qui autrefois nous l'ont bien enseignée  »




Le poeme , à l'origine comportait ces deux derniers couplets. Mais il a semblé judicieux de garder le côté positif pour la chanson et d' ignorer cette fin plûtot pessimiste (mon péché mignon).


Je quittais la mamie et son coin de jardin

La cité asphyxiée sentait fort le chagrin

Empestant la cohue des gens bien trop pressés

De retrouver confort, solitude et regrets


Et en fermant les yeux la tristesse me vint

Qu'espère un monde froid mené par ses désirs?

Qui oublie les mamies et tous leurs bons sourires
Qui pour nous font la soupe et ne demandent rien









 







  

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Phillipe BRUN/Michel DOUILLY
Chant Philippe BRUN