LE PENDENTIF
Chemin des dames, enfer, mitraille
Soldat perdu et condamné
Le fer planté dans ses entrailles
Dans la tranchée il est tombé
Sa main tremblante vers son cou
Il a saisi le pendentif
Emportant ce bijou très doux
Dans son sommeil définitif
Les obus creusant leurs cratères
Sans fleur et aucune oraison
Son corps fut recouvert de terre
Il a serré le médaillon
Des décennies, des vies après
A l’occasion de gros travaux
Son pauvre corps on exhumait
Vestige d’un temps pas très beau
Sur sa médaille militaire
On lut son nom, son régiment
Sur le pendentif sous le verre
On vit deux visages d’enfants
C’étaient lui et sa fiancée
Photos sépia en vis-a-vis
Visages d’un amour gâché
Assassiné par la folie
Le rôle ingrat me fut confié
De retrouver la bien aimée
Lui dire qu’au dernier jour
Il tenait en main leur amour
Je l’ai trouvée, douce et voûtée
À l’hospice de son village
Toute tremblante elle a avoué
Avoir fui tous les mariages
J’aperçus sur la cheminée
Plus grands que sur le pendentif
Les deux portraits qui souriaient
Et dans un geste fugitif… j’ai essuyé ma joue mouillée
Richard PROUST/Michel DOUILLY
Chant james DREW