DANSE ESPAGNOLE
Dans leurs robes gitanes agitant leurs volants
Les filles du soleil sur leurs talons géants
Embrasent les esprits qui un moment s’envolent
Dans le ciel azuré du pays espagnol
Une rose de sang, la fleur de Flamenca
Posée sur leurs cheveux aux reflets Malaga
En blanchissant leurs joues leur donne un air canaille
Qu’elles (leus) cherchent à cacher derrière leur éventail
Et je prends ma guitare et je donne ma voix
Pour aider la beauté, aider la Farruca
A réchauffer les âmes et les cœurs hispanos
Sur des airs de Rota, sur des airs de paso
Et les châles de soie sur les épaul’s bronzées
Roulent, roulent et s’enroulent au son des castagnettes
Puis les fées s’évaporent envahissant ma tête
Pleine d’Andalousie et de désirs cachés
REFRAIN
Danse, danse, danse l’Espagne
Tourne, tourne, belle gitane
J’aime ton corps Flamenco
Et ton regard Fandango
LA TRACE DE LA CRAIE
Sur le tableau le blanc jaillit
La craie trace des mots choisis
Tous les amours en majuscules
Les mauvais jours en minuscules
Le bâton blanc danse et ondule
Tel un espiègle funambule
Exhibant ses pleins, ses déliés
Ignorant du gouffre à ses pieds
Car souvent la craie s’use et se casse
Laissant une neuve à sa place
Donner aux curieux le cadeau
Des belles phrases et des beaux mots
Mais par moments le bras faiblit
L’ écriture se ralentit
Puis la place devient trop rare
Pour aller au bout de l’histoire
Alors, sans vraiment qu’on y songe
D’autres mots pleins de rêve et d’espoir
Cacheront les marques de l’ éponge
Qui vers le sol, la poussière a fait choir
Et quand l’eau mouillera le tableau
Qu’ à nouveau disparaîtront les mots
Que nos pas piétineront le blanc
Reviendra, l’ardoise du néant
LE BOL DE SOUPE
Enfant turbulent et vivant
Adolescent incandescent
Un bon mari et un bon père
Bon citoyen belle carrière
La vie est là et puis s’en va
Le temps te donne et reprend tout
Bonheur, malheur, et tout au bout
Ne te reste plus que cela
Un fauteuil et une fenêtre ou méditant, tu attendras ;
Un bol de soupe aux vermicelles
Au bout des jours toujours pareils
Dans ton silence et ton ennui
Un bouillon suivi d’un fruit cuit
Toutes ces femmes
Toutes ces âmes
De l’insouciance
Et de l’aisance
Satisfaction
Folie passion
Premières rides
Et cheveux blancs
Amour torride
Qui fout le camp
Vieillissement
Renoncement
Reste un fauteuil à la fenêtre ou tu attends en méditant ;
Un bol de soupe aux vermicelles
Au bout des jours toujours pareils
Dans ton silence et ton ennui
Un bouillon suivi d’un fruit cuit
LES AUTEURS SONT DES MENTEURS
Les mots donnent force ou faiblesse
Emplissent nos cœurs et nos têtes
D’un tas de rancœurs, de tendresses
Plein d’airs de rien plein d’airs de fête
Toutes les rimes en eur, douceur, bonheur
Mots velours amour nous bercent et nous charment
Les vers chagrins nous blessent, nous désarment
Et quelques-uns viennent attiser nos peurs
Tous ces émois ces sentiments
Naissent d’un trop plein de lyrisme
D’un passionné plein d’optimisme
Qui voulant partager sa liesse
Use tous ses mots d’allégresse
Ou bien d’un amoureux transi
Qui pour apaiser sa douleur
Jette en pâture sa rancœur
Exagère, et vient maquiller
Les traits de la réalité
Car les auteurs mentent et abusent
Ils forcent trop souvent les muses
Maîtresses espiègles et insoumises
A les suivre selon leur guise
Oui méfie toi mon tendre cœur
Tous les auteurs sont des menteurs
NUL N’EST PROPHÈTE EN SON PAYS
Ta vie n’était qu’accoutumance
Aucune place à la romance
Les tiens te tenaient pour acquit
Nul n’est prophète en son pays
Tu as œuvré comme on t’a dit
Conformisme et réalité
Mais tu rêvais d’autres pays
Alors tu t’es laissé aller
Les mots du cœur tu as écris
A tes proches les as donnés
Ils ont dit bien, ont dit merci
Avec de grands yeux étonnés
Et ont fait semblant d’oublier
Alors tu as pris ta valise
T’en est allé par les chemins
le soir tu avais l’âme grise
La redorait le lendemain
Car tu allais dire aux passants
Tes impressions tes sentiments
Et souvent ils te répondaient
Te disaient parfois qu’ils t’aimaient
T’embrassaient et tu repartais
Et de déserts en oasis
De profondeurs en artifices
Tu as donné sens à ta vie
Nul n’est prophète en son pays
OU ETIEZ-VOUS ?
Tous les cow-boys de mon enfance
Les indiens de cour de récré
Les lance-pierre de l’insouciance
Les « t’es mort » et puis « t’es soigné »
Où étiez-vous quand je jouais ?
Vous mes compagnons de dimanche
Les ingénues, tous les brigands
Fusils de bois et robes blanches
Les « t’es d’ ma bande, « quand on s’ ra grands»
Ou étiez-vous quand je doutais
Puis les « je t’aime » les « je te veux »
« On sera bien, riches et heureux »
Les pleins d’enfants pour nos vieux jours
Les beaux projets serments d’amour
Ou étiez-vous quand je pleurais ?
Tous les guerriers, les baroudeurs,
Les prêts à tout pour les copains
Frères de sang et « même pas peur »
Les uns pour tous et tous pour un
Ou étiez-vous quand je criais?
Quand mes peurs viendront me chercher
M’entraîner au dernier voyage
Sans un délai, sans un bagage
Sans le droit de vous évoquer
Où serez-vous mes beaux regrets ?
Sacré bonheur
Sacré bonheur tient dans ma poche
Et quand parfois j’y mets la main
Il râle, gémit et se plaint
Me fait des mines et des reproches
Sacré bonheur est un fantoche
Car il n’est jamais satisfait
D’autres douceurs l’ont inspirées
D’autres poches l’ont intriguées
Sacré bonheur est imparfait
Un jour je l’ai sorti du fond de son repaire
L’offrant à une belle à qui je voulais plaire
Je crois qu’il a prit peur tant martelait son cœur
L’ai retrouvé en pleurs, sacré petit bonheur
C’est que le gars est exigeant
Veut de l’amour, veut de l’argent
Bien se porter et plaire aux gens
Il veut tout bien et tout le temps
Sacré bonheur est inconscient
Il devrait se laisser aller
Et pour une fois m’écouter
Quand je dis « oublies tes dilemmes »
En lui martelant Carpe-Diem
Bien souvent il me lasse il me rend fou furieux
Alors par un mouchoir dans le fond de ma poche
J’essaie de l’étouffer, lui et ses idées moches
En fait, sacré bonheur, ce n’est qu’un malheureux
Trop vieux pour s’aimer
Nous partirons pleins de regrets
Toi vers ton dieu, moi doigt levé
Il est sûr que nous penserons
A notre avant, notre jeunesse
C’est sûr que nous regretterons
Cette colère et cette ivresse
Mais quand l’égo monte la voix
Cupidon se fait tout petit
Il laisse fermé son carquois
Et il s’enfuit, et puis tant pis
Un soir nos yeux se fermeront
Mettant fin à nos solitudes
Je sais que nous déplorerons
Nos décisions, nos attitudes
Nous serons trop vieux pour aimer
On osera pourtant le nier
Qu’on a eu tort de l’humilier
L’ angelot aux pointes acérées
Nous partirons pleins de regrets
Toi vers ton dieu, moi doigt levé