TEXTES2

DANSE ESPAGNOLE


Dans leurs robes gitanes agitant leurs volants

Les filles du soleil sur leurs talons géants

Embrasent les esprits qui un moment s’envolent

Dans le ciel azuré du pays espagnol


Une rose de sang, la fleur de Flamenca

Posée sur leurs cheveux aux reflets Malaga

En blanchissant leurs joues leur donne un air canaille

Qu’elles (leus) cherchent à cacher derrière leur éventail              


Et je prends ma guitare et je donne ma voix

Pour aider la beauté, aider la Farruca

A réchauffer les âmes et les cœurs hispanos

Sur des airs de Rota, sur des airs de paso

 

Et les châles de soie sur les épaul’s  bronzées

Roulent, roulent et s’enroulent au son des castagnettes

Puis les fées s’évaporent envahissant ma tête

Pleine d’Andalousie et de désirs cachés


REFRAIN

Danse, danse, danse l’Espagne

Tourne, tourne, belle gitane

J’aime ton corps Flamenco

Et ton regard Fandango

  

  

LA TRACE DE LA CRAIE


Sur le tableau le blanc jaillit

La craie trace des mots choisis

Tous les amours en majuscules

Les mauvais jours en minuscules


Le bâton blanc danse et ondule

Tel un espiègle funambule

Exhibant ses pleins, ses déliés

Ignorant du gouffre à ses pieds


Car souvent la craie s’use et se casse

Laissant une neuve à sa place

Donner aux curieux le cadeau

Des belles phrases et des beaux mots


Mais par moments le bras faiblit

L’ écriture se ralentit

Puis la place devient trop rare

Pour aller au bout de l’histoire


Alors, sans vraiment qu’on y songe

D’autres mots pleins de rêve et d’espoir

Cacheront les marques de l’ éponge

Qui vers le sol, la poussière a fait choir


Et quand l’eau mouillera le tableau

Qu’ à nouveau disparaîtront les mots

Que nos pas piétineront le blanc

Reviendra,  l’ardoise du néant

  

LE BOL DE SOUPE


Enfant turbulent et vivant

Adolescent incandescent

Un bon mari et un bon père

Bon citoyen belle carrière


La vie est là et puis s’en va

Le temps te donne et reprend tout

Bonheur, malheur, et tout au bout

Ne te reste plus que cela 


Un fauteuil et une fenêtre ou méditant, tu attendras ;


Un bol de soupe aux vermicelles

Au bout des jours toujours pareils

Dans ton silence et ton ennui

Un bouillon suivi d’un fruit cuit


Toutes ces femmes

Toutes ces âmes

De l’insouciance

Et de l’aisance

Satisfaction

Folie passion

Premières rides

Et cheveux blancs

Amour torride

Qui fout le camp

Vieillissement

Renoncement


Reste un fauteuil à la fenêtre ou tu attends en méditant ;


Un bol de soupe aux vermicelles

Au bout des jours toujours pareils

Dans ton silence et ton ennui

Un bouillon suivi d’un fruit cuit

  

LES AUTEURS SONT DES MENTEURS


Les mots donnent force ou faiblesse

Emplissent nos cœurs et nos têtes

D’un tas de rancœurs, de tendresses

Plein d’airs de rien plein d’airs de fête


Toutes les rimes en eur, douceur, bonheur

Mots velours amour nous bercent et nous charment

Les vers chagrins nous blessent, nous désarment

Et quelques-uns viennent attiser nos peurs


Tous ces émois ces sentiments

Naissent d’un trop plein de lyrisme

D’un passionné plein d’optimisme

Qui voulant partager sa liesse

Use tous ses mots d’allégresse


Ou bien d’un amoureux transi

Qui pour apaiser sa douleur

Jette en pâture sa rancœur

Exagère, et vient maquiller

Les traits de la réalité


Car les auteurs mentent et abusent

Ils forcent trop souvent les muses

Maîtresses espiègles et insoumises

A les suivre selon leur guise


Oui méfie toi mon tendre cœur

Tous les auteurs sont des menteurs

  

NUL N’EST PROPHÈTE EN SON PAYS


Ta vie n’était qu’accoutumance

Aucune place à la romance

Les tiens te tenaient pour acquit


Nul n’est prophète en son pays


Tu as œuvré comme on t’a dit

Conformisme et réalité

Mais tu rêvais d’autres pays

Alors tu t’es laissé aller

Les mots du cœur tu as écris

A tes proches les as donnés

Ils ont dit bien, ont dit merci

Avec de grands yeux étonnés


Et ont fait semblant d’oublier


Alors tu as pris ta valise

T’en est allé par les chemins

le soir tu avais l’âme grise

La redorait le lendemain

Car tu allais dire aux passants

Tes impressions tes sentiments

Et souvent ils te répondaient

Te disaient parfois qu’ils t’aimaient


T’embrassaient et tu repartais


Et de déserts en oasis

De profondeurs en artifices

Tu as donné sens à ta vie


Nul n’est prophète en son pays

  

OU ETIEZ-VOUS ?


Tous les cow-boys de mon enfance

Les indiens de cour de récré

Les lance-pierre de l’insouciance

Les « t’es mort » et puis « t’es soigné »


Où étiez-vous quand je jouais ?


Vous mes compagnons de dimanche

Les ingénues, tous les brigands

Fusils de bois et robes blanches

Les « t’es d’ ma bande, «  quand on s’ ra grands»


Ou étiez-vous  quand je doutais


Puis les « je t’aime » les « je te veux »

« On sera bien, riches et heureux »

Les pleins d’enfants pour nos vieux jours

Les beaux projets serments d’amour


Ou étiez-vous quand je pleurais ?


Tous les guerriers, les baroudeurs,

Les prêts à tout pour les copains

Frères de sang et « même pas peur »

Les uns pour tous et tous pour un


Ou étiez-vous quand je criais?


Quand mes peurs viendront me chercher

M’entraîner au dernier voyage

Sans un délai, sans un bagage

Sans le droit de vous évoquer


Où serez-vous mes beaux regrets ?

  

RETOUR

Sacré bonheur


Sacré bonheur tient dans ma poche

Et quand parfois j’y mets la main

Il râle, gémit et se plaint

Me fait des mines et des reproches


Sacré bonheur est un fantoche


Car il n’est jamais satisfait

D’autres douceurs l’ont inspirées

D’autres poches l’ont intriguées

Sacré bonheur est imparfait


Un jour je l’ai sorti du fond de son repaire

L’offrant à une  belle à qui je voulais plaire

Je crois qu’il a prit peur tant martelait son cœur

L’ai retrouvé en pleurs, sacré petit bonheur


C’est que le gars est exigeant

Veut de l’amour, veut de l’argent

Bien se porter et plaire aux gens

Il veut tout bien et tout le temps


Sacré bonheur est inconscient


Il devrait se laisser aller

Et pour une fois m’écouter

Quand je dis « oublies tes dilemmes »

En lui martelant Carpe-Diem


Bien souvent il me lasse il me rend fou furieux

Alors par un mouchoir dans le fond de ma poche

J’essaie de l’étouffer, lui et ses idées moches

En fait, sacré bonheur, ce n’est qu’un malheureux

  

Trop vieux pour s’aimer


Nous partirons pleins de regrets

Toi vers ton dieu, moi doigt levé


Il est sûr que nous penserons

A notre avant, notre jeunesse

C’est sûr que nous regretterons

Cette colère et cette ivresse


Mais quand l’égo monte la voix

Cupidon se fait tout petit

Il laisse fermé son carquois

Et il s’enfuit, et puis tant pis


Un soir nos yeux se fermeront

Mettant fin à nos solitudes

Je sais que nous déplorerons

Nos décisions, nos attitudes


Nous serons trop vieux pour aimer

On osera pourtant le nier

Qu’on a eu tort de l’humilier

L’ angelot aux pointes acérées


Nous partirons pleins de regrets

Toi vers ton dieu, moi doigt levé